Dans le village de Baro, la « communauté ecclésiale de base » célèbre sa foi chaque dimanche, le plus souvent sans prêtre. On compte ici plus de paroisses que de curés et les déplacements sont parfois malaisés. En aucun cas cela ne saurait freiner le dynamisme ni l’ardeur des habitants.
Depuis deux mois, les quêteuses -ces filles qui rythment la collecte dominicale de leurs pas de danse- ont mis en place leur équipe de foot, qui se réunit après le cours de catéchisme. Mens sana in corpore sano comme on dit, et les petites de courir après le ballon comme d’autres courent le guilledou. Quoi de plus évident que de conjuguer formation spirituelle et dépense physique ? Le corps n’est-il pas le temple de l’Esprit ?
Il faut dire que le football est au Tchad l’objet d’une dévotion toute particulière, mais de celles qui demeurent encore l’apanage des mâles. Il flotte de ce fait à Baro, après le caté, comme une joie de privilège. Oui, on peut être une fille et agiter ses muscles « gratuitement », pour s’amuser et pas seulement pour piler du mil. Et dans un grand éclat de rire, le temple de l’Esprit peut aller en récréation.