Ordination

Les six paroisses du vicariat
Les six paroisses du vicariat
29 novembre 2009. Ordination épiscopale du Vicaire Apostolique. Cet événement marque l’accession de notre Église au rang de Vicariat Apostolique, dernière étape avant de devenir Diocèse. Mille cinq cents personnes affluent de tous les coins du nouveau Vicariat: de Melfi à Adré, d’Am Timan et Haraze à Abéché et Fada. Les huit évêques du Tchad sont là, avec leurs collaborateurs et, pour certains, d’importantes délégations. Le Nonce apostolique, un Nigérian, apporte aux chrétiens les encouragements du Saint-Père: «La religion catholique a grandi notablement dans la Préfecture Apostolique de Mongo (…). Nous voulons que soient données aux ministres de l’Évangile qui y travaillent nos félicitations et que, dans le même temps, ils soient confirmés dans leur action pastorale.» Et le Saint-Père d’ajouter, à l’intention du nouvel évêque et des fidèles: «Nous exhortons ton clergé et ton peuple à continuer à cheminer avec toi dans la joie et la fidélité.»

L'assemblée en prière
L’assemblée en prière
«Ton peuple»: peuple sans frontières: beaucoup d’amis et de collaborateurs musulmans sont là, dont certains sont venus spécialement de N’Djaména, à 520 km à l’Ouest, et d’Abéché, à 400 km à l’Est. Ils sont venus pour célébrer, selon les mots de l’un d’entre eux au terme de la cérémonie, «la beauté de la foi dans le respect de la différence, qui est un don de Dieu.»

Véritable «con-spiration» de la foi! Conspiration fraternelle dans le respect et l’amitié. Foi des chrétiens originaires du nord et ceux venant du sud. Foi des paysans et foi des fonctionnaires, des montagnards sédentaires et des « nomades de la Fonction Publique ». Foi des analphabètes et foi des étudiants. Foi des catholiques et des protestants. Conspiration de tout un peuple, riche de ses différences, heureux de célébrer son unité et la reconnaissance par Rome de sa vitalité au cœur même de sa pauvreté.

Mais foi aussi d’une «Église invisible», celle d’au-delà des frontières, que constitue le peuple des croyants de l’Islam. Collaborateurs et amis musulmans célèbrent sans complexe comme la leur la joie des chrétiens.

L'imposition des mains
L’imposition des mains
Un seul est ordonné en ce jour. Mais, avec lui, c’est tout un peuple qui l’est également. Tous «ordonnés à» donner consistance au Corps de Jésus-Christ en cette terre:
– les chrétiens,

  • par le double témoignage de leur foi et de leur unité dans la prière et le service sans frontières de leur frères
  • par la libération de l’angoisse du petit nombre, qui ouvre à l’urgence joyeuse de dire à tous, de mille manières: «Si tu savais le don de Dieu!»

– les musulmans,

  • par leur transgression tranquille des murs d’intolérance et leur esprit de collaboration et de respect, plus fort que les clivages et les exclusions

– chrétiens et musulmans

  • par leur capacité à donner chair à l’incontournable solidarité active de croyants que l’Unique appelle et envoie
    • autour des mares et des puits asséchés, mobilisés dans le creusement des puits et l’édification des barrages, tous «ordonnés à» arracher notre peuple à la soif
    • dans les champs sinistrés par la sécheresse et près des greniers vides, mobilisés dans l’organisation des banques de céréales, tous «ordonnés à» libérer les paysans des griffes des usuriers et à assurer leur dignité et l’autonomie de leurs familles.

Tout un peuple de croyants, bref, «ordonné à» entrer dans l’audace de leur vocation commune à l’ÉMULATION SPIRITUELLE:
– Les chrétiens: «N’ayez pas peur des gens et ne vous laissez pas troubler! Reconnaissez dans vos cœurs que le Christ seul est saint, il est votre Seigneur. Quand on vous le demande, soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous» (1 P 3,14-15).
– Les musulmans: «Si Dieu l’avait voulu, il aurait fait de vous une seule communauté. Mais il a voulu vous éprouver par le don qu’il vous a fait. Cherchez à vous surpasser les uns les autres dans les bonnes actions. Votre retour, à tous, se fera vers Dieu. Il vous éclairera, alors, au sujet de vos différends» (Sourate 5, 48).

+Monseigneur Henri Coudray


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