Notre contexte religieux

ISLAM

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Comme il apparaît très clairement sur la carte ci-contre, l’islam, avec un taux de 95,7 % d’adeptes, est la religion largement dominante dans le diocèse. Cependant, malgré le rôle leader joué par le Ouaddaï dans l’islamisation de la région, il ne faut pas oublier que l’islam n’y a vraiment pénétré qu’au début du XVII° siècle. Encore celui-ci n’a-t-il touché les campagnes que très progressivement. Gustav Nachtigal signale par ailleurs que les populations Toubou du BET, à la limite nord-ouest du Ouaddaï, sont encore animistes à la fin du XIX° (1870). Quant aux ethnies musulmanes du Guéra, à part les Dadjo, leur islamisation ne remonte pas au-delà de la deuxième guerre mondiale.

Il n’en demeure pas moins que l’islam est très solidement implanté dans cet Est tchadien et, avec Abéché, cité des oulémas et des madrasas, il joue un rôle symbolique extrêmement fort. Dans la lutte d’influence qui se joue actuellement entre l’islam traditionnel des confréries et l’islam réformateur d’obédience wahhabite, l’islam confrérique demeure encore largement majoritaire et socialement le plus influent. Mais, dans le courant des madrasas, se joue à long terme une reconfiguration très probable du paysage islamique dans la région.

ANIMISME

Selon le recensement de 1993, 4% des habitants du diocèse revendiquent leur appartenance à l’« animisme ». Leur densité est plus forte dans la région du Guéra (cf. les hachures jaunes sur la carte), mais ils demeurent très présents, de manière le plus souvent inavouée, sous la forme de ce qu’on appelle pudiquement des « survivances préislamiques » au cœur des régions sensées être musulmanes à 100%. Ainsi, trois siècles encore après la fondation du Ouaddaï, en 1898, des sources tout à fait officielles attestent que, lors de l’accession au trône du sultan, des rituels animistes « lourds » ont été observés dans l’ancienne capitale de Ouara : la rencontre nocturne du souverain avec le Grand Serpent totémique et le franchissement des corps de sept jeunes gens rituellement égorgés au préalable.

Dans le Guéra, où les Hadjeray (au recensement de 1993) se réclamaient de l’ « animisme » à 5,2 %, le culte de la margay demeure encore très vivace aujourd’hui. Tout comme pour l’islam au Ouaddaï, le christianisme est sérieusement confronté au défi de la religion traditionnelle : double défi d’ouverture, comme devoir d’inculturation, et de discernement face aux dérives « païennes » de certaines pratiques de la margay.

CHRISTIANISME

La proportion des chrétiens est de 1,1 % (recensement de 1993 : 10.507 catholiques et 7.374 protestants). Étant donné la nature de notre Église, ces chiffres n’ont pas sensiblement changé depuis quinze ans. Cependant, les statistiques touchant les catholiques doivent être interprétées ainsi : les chiffres donnés par le recensement désignent en fait non seulement les baptisés mais encore les sympathisants. Il convient donc de diviser par deux les nombres ainsi donnés pour obtenir le chiffre des catholiques « réels ». Sans minimiser toutefois la pertinence socio religieuse de ce type de rattachement « sauvage » à l’Église catholique !

Le caractère composite de la population catholique de notre diocèse paraît nettement sur la carte des religions :

  • dans la région du Guéra, les hachures vertes désignent les 3,2 % de chrétiens autochtones|Voir les paroisses (1,8 % catholiques et 1,4 % protestants, chiffres du recensement de 93), constitués par les populations rurales hadjeray
  • ailleurs, les points de même couleur – qui correspondent aux villes – désignent les communautés de chrétiens allogènes|Voir les paroisses , ces fonctionnaires et militaires venant du Sud pour servir temporairement dans le Nord ; ces communautés dispersées|Voir la paroisse de la dispersion , comme nous les appelons, sont un peu plus de 90 ; leur importance numérique est très variable : de plus de 800 (Abéché) à moins de 20 (comme à Ounianga Kebir)