La zone couverte par notre diocèse a la caractéristique d’avoir refusé l’école pendant longtemps. En effet, les populations en grande partie musulmanes considéraient l’école comme une structure athée et n’en voulaient pas pour leurs enfants. Aujourd’hui, grâce à un long travail de sensibilisation, les villageois demandent de plus en plus l’école. Ils se rassablent dès lors en « association de parents d’élève » et s’organisent pour construire une école et payer des maîtres communautaires. Ces derniers sont souvent des cultivateurs issus de la localité qui ont terminé un cycle primaire. Un véritable défi consiste à ce que ces écoles communautaires reconnues par l’État dispensent une éducation de qualité.
C’est en 1994 que notre Église a commencé à collaborer à Mongo avec une association locale qui voulait encourager les parents à envoyer leurs enfants à l’école. En discutant avec les villageois, la construction d’écoles en dur est apparue incontournable pour favoriser une rentrée effective en septembre et une bonne qualité de concentration. Devant cette volonté très claire des parents, la nouvelle équipe a expliqué sa méthode : une école ne serait financée que s’il y avait une contribution locale en gravier, sable, eau et main-d’œuvre, et bien souvent en pierres de taille. Les villageois ont accepté et les chantiers se sont vite transformés en laboratoires de création d’un nouveau lien social. En effet, par le travail collectif, les mentalités se sont mises à changer, des querelles ancestrales ont été dépassées et de nouvelles perspectives de développement du village par le village ont pu être envisagées. Ce travail n’aurait pu se faire sans l’équipe d’animation qui a accompagné le village et l’a aidé à relire son expérience. Cette équipe s’est désormais constituée en association sous le nom de ALSADER|Voir l’association ALSADER .
Dans notre diocèse, les premières expériences ont fait tache d’huile et 38 écoles communautaires ont été construites grâce au soutien de Misereor, ACRA et de nombreux donateurs privés. Par la suite, beaucoup de villages ont connu l’évolution suivante : du chantier de l’école, ils sont allés vers la nécessité de payer le maître communautaire et de le former davantage. L’idée d’un champ scolaire collectif a vu le jour pour assurer la paie du maître qui reçoit aujourd’hui du village 10 000 CFA par mois. Pour augmenter la production de leur champ scolaire, les parents ont demandé une paire de bœufs et une charrue qui sont directement rattachés à l’école. Un projet de formation des maîtres, financé par Manos Unidas, a également vu le jour et, depuis septembre 2006, une pédagogue égyptienne bilingue et chevronnée a été chargée de le mettre en place en s’appuyant sur l’équipe locale des conseillers pédagogiques de l’Éducation Nationale. Cette formation des maîtres touche 20 écoles communautaires du Guéra qui sont désormais intégrées au mouvement d’éducation populaire « Foi et Joie|Voir le projet Foi et Joie ».