Les gens de Saraf m’avaient arrêté un beau jour de 2003 et m’avaient énumérées toutes leurs misères. J’en avais les larmes aux yeux et un mois après, en revenant vers Ati, je leur amenais un ami protestant puisatier: Amos Bani. Mais un fameux marabout ameuta la population contre « cet impur de chrétien… » et le creusement du puit avorta misérablement. Je ramassai le pauvre Bani sur ma voiture et me jurais à moi-même que j’aurais abandonné ce village au diable pour l’éternité.
Eh bien, trois ans après, voici arrivé dans mon bureau le chef de village de Saraf accompagné du député de la zone; ils venaient faire leur excuses et me suppliaient de revenir pour leur donner l’eau. En trois ans, la colère avait eu le temps de se calmer et… voici le puit de Saraf en fonction.
Franco Martellozzo