La paroisse de la Dispersion

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Le terme « dispersion » est étrange. Il s’agit en réalité de chrétiens catholiques originaires des régions largement christianisées du Sud, de l’Ouest et de la capitale, envoyés dans nos territoires à large majorité musulmane pour servir dans l’administration et dans l’armée. Ils constituent de petites communautés chrétiennes dans des villes éloignées des centres paroissiaux. Les paroisses de Mongo, d’Am Timan, de Bitkine et d’Abéché possèdent toutes des communautés de la dispersion qui sont visitées par leurs curés à des cadences variables de un mois à trois ans voire même davantage ! Les communautés sont donc obligées de s’organiser selon leurs propres forces…qui ne sont pas toujours formidables. En effet, elles voient leurs fidèles arriver et partir comme dans une gare routière, au gré des affectations. Cette fragilité est d’autant plus palpable quand ces communautés sont essentiellement constituées de militaires venant renflouer les garnisons des villes frontières.

Les communautés de militaires et d’humanitaires

Les communautés de militaires et d’humanitaires
C’est le cas des communautés dispersées qui jouxtent la frontière soudanaise et qui dépendent des Paroisses d’Abéché et d’Am Timan. Leurs conditions de vie sont extrêmement difficiles du fait de la proximité de la guerre. Les réaffectations y sont en outre très rapides. Néanmoins, ces fragiles communautés tentent de se prendre en charge matériellement, financièrement et spirituellement. Elles organisent des réunions hebdomadaires pour partager la lecture de l’Evangile et préparent cette prière dominicale avec un petit nombre de chrétiens baptisés et confirmés, souvent formés pour être catéchistes. Elles créent aussi des conseils de communautés avec responsable, trésorier et secrétaire et se cotisent pour fêter ensemble les grandes fêtes liturgiques (Pâques, Noël) qu’elles vivent le plus souvent sans pouvoir communier, faute de prêtre. Certaines d’entre elles épargnent même pour acheter un terrain afin d’y construire une petite chapelle. Elles sont appuyées dans leurs efforts par quelques fonctionnaires, un peu plus stables et jouissant d’une situation financière moins précaire, même si ces derniers sont peu nombreux sur la frontière. Mais il faut signaler surtout – depuis l’éclatement de la guerre du Darfour et l’afflux des réfugiés et des déplacés dans les camps – la présence humainement et matériellement réconfortante des humanitaires, expatriés ou surtout Tchadiens recrutés par les ONG travaillant dans les camps.

Les communautés de fonctionnaires

Les communautés dispersées dépendant surtout de Mongo et des secteurs d’Abéché éloignés de la frontière sont des communautés de fonctionnaires.Elles sont plus stables et mieux installées mais courent le risque de s’enfermer sur elles-mêmes. En effet, étrangers aux ethnies de la région et à la religion musulmane, les chrétiens et leur famille vivent dans un climat d’indifférence, voire même parfois d’hostilité. Pour éviter ce cloisonnement, notre diocèse encourage le dialogue de vie au travers de services rendus par la petite

Une messe dans une communauté de la dispersion
Une messe dans une communauté de la dispersion
communauté chrétienne à l’ensemble de la population. Ces services reposent sur un travail bénévole des chrétiens dispersés qui sont soutenus dans leurs efforts et dans leur vie de prière par une équipe mobile constituée d’un prêtre et de deux animateurs. Ainsi donc, la plantation d’arbres en faveur de toute la région, les écoles ECA ouvertes à toutes races et religions, la construction de puits et d’écoles primaires dans les villages, les bibliothèques, la création de banques de céréales et le soutien de groupements locaux ont donné à l’Eglise catholique locale un visage que tout le monde apprécie : une disponibilité gratuite et sans discrimination confessionnelle au service du bien commun. C’est déjà l’annonce du salut universel de Jésus, c’est une nouveauté absolue par rapport aux idéologies musulmanes et protestantes (au moins dans leur majorité) qui associent les services à la conversion.

Signalons pour finir que ces communautés sont souvent aidées dans leur effort par leur paroisse ainsi que par des donateurs étrangers : Missio, OPM, diocèses et paroisses partenaires, donateurs privés, etc.