– Ville d’Abéché
La ville d’Abéché est le chef-lieu de l’actuel département du Ouara (Ouaddaï), par ailleurs ancienne capitale du célèbre Royaume du même nom, fondé à l’orée du XVII° siècle. Implantée à 175 km de la frontière soudanaise, c’est la capitale arabo-islamique du pays, réputée pour ses écoles coraniques et ses oulémas. C’est aussi là que s’est installée la première médersa, à la fin des années quarante. Depuis l’arrivée des Français, en 1909, une sourde compétition entre cultures française et arabe se déroule dans ce microcosme abéchois. Longtemps deuxième ville du pays, et par ailleurs principale ville du « Nord« , Abéché a toujours été le siège d’une importante garnison militaire et d’une administration territoriale assez lourde qui a drainé, jusqu’à la guerre civile, et de nouveau depuis que la paix est rétablie, une abondante population de militaires et de fonctionnaires du « Sud« , dont beaucoup sont chrétiens. Abéché est donc depuis toujours un lieu de brassage ethnique et religieux important. La ville d’aujourd’hui compte près de 100.000 habitants. Son visage démographique a cependant beaucoup changé ces 5 dernières années avec la création d’une université et d’un IUT qui drainent un flot important d’étudiants en provenance de l’ensemble du pays. À ces écoles s’ajoute l’arrivée de nombreux humanitaires envoyés en réponse à la crise du Darfour tout proche. Une garnison de 200 militaires français est également présente dans la ville depuis longtemps et les troupes de l’Eufor viennent actuellement de s’y installer. Abéché est par ailleurs une grande ville commerçante dotée d’un important marché agro-pastoral (mangues, pommes de terres, oignons) et d’un marché au bétail renommé.
– Église d’Abéché
Fondée comme paroisse stable à la fin des années cinquante, l’Église d’Abéché est une Église de rencontre et de dialogue avec l’Islam. Dans une ville dont la population autochtone est à 100% musulmane, l’église de la paroisse accueille chaque dimanche presqu’un millier de chrétiens. De plus, des communautés chrétiennes de la dispersion|Voir les communautés de la dispersion sont disséminées dans toute cette zone du Tchad. Le curé d’Abéché, seul prêtre de la région (avec deux jésuites JRS totalement pris par le service aux réfugiés), les visite deux ou trois fois dans l’année, jusque dans un rayon de 500 km. L’identité arabo-islamique d’Abéché et de sa région, couplée à la nécessité de servir les importantes communautés chrétiennes, a fait que, dès le début, le souci d’une pastorale marquée par l’urgence du dialogue de vie avec les populations musulmanes a constitué l’identité missionnaire de cette paroisse. Celle-ci s’est concrétisée par le fait que les jésuites|Voir les jésuites qui s’y sont succédé ont tous été des arabisants et qu’ils ont fait appel, dès le début des années soixante, à une communauté de religieuses libanaises et syriennes des Saints Cœurs de Jésus et de Marie (SSCC)|Voir les sœurs des saints cœurs de Jésus et de Marie. Si bien que, à côté du travail paroissial proprement dit (localement et dans la visite des communautés dispersées), l’accent a toujours été mis sur le dialogue des œuvres et le dialogue de vie, à travers, notamment :
- le Foyer des Jeunes|Voir les foyers et centres culturels, lieu de rencontre et de collaboration, par le biais du sport et de la culture bilingue, entre jeunes tchadiens chrétiens et musulmans et un important jardin d’enfants attenant,
- la promotion féminine|Voir la promotion féminine, d’abord dans le cadre du Centre Social puis dans celui du centre de broderie.
Malgré la guerre et son cortège de massacres et de répression, le « capital-dialogue » accumulé au cours de ces décennies demeure intact. L’équipe islamo-chrétienne actuellement au travail dans la capitale y puise depuis de nombreuses années.