– Le contexte
Les femmes effectuent un travail considérable, à la maison comme aux champs. Cependant, même si elles jouissent souvent, dans l’intimité du ménage, d’un pouvoir, secret mais bien réel, les femmes occupent encore une place secondaire dans notre société, où la polygamie est en outre très répandue.
Les jeunes filles sont mariées tôt (16-17 ans), voire précocement (12-13 ans) selon les ethnies, et seulement 30% des filles sont scolarisées dans l’ensemble du pays. Les filles accèdent moins souvent à l’école que les garçons (35% en CP1, 17% en CM2) et mettent en moyenne 9 ans pour arriver en fin de cycle primaire, soit 3 ans de plus que la norme. Dans certaines régions de notre diocèse, les filles quittent l’école en fin de CE2 et arrivent rarement en fin de cycle primaire. Dans d’autres, elles y restent plus longtemps, voire jusqu’à l’âge de 16-17 ans. Les facteurs qui empêchent les filles d’aller à l’école sont d’ordre socioculturel (mariage précoce et idée selon laquelle l’école de type moderne ne prépare pas les filles à la vie traditionnelle du foyer : le niveau d’instruction n’augmente pas la dot et beaucoup de parents pensent que les filles instruites ont des difficultés à trouver un mari) et d’ordre socio-économique (coût élevé de la scolarisation et des fournitures scolaires ; nécessité de la main d’œuvre féminine pour les activités ménagères, l’approvisionnement familial en eau, le soin des frères et sœurs plus jeunes,…)
Par ailleurs, les femmes mariées ont de nombreux enfants (6 à 12) mais peu de revenus propres et peu d’accès aux espaces de décisions. Les femmes cherchent dès lors à s’organiser et beaucoup font partie de groupements.
– Nos activités
Nous travaillons pour l’amélioration de la vie des femmes selon trois axes :
- L’éducation
Une priorité poursuivie depuis longtemps par notre diocèse est la scolarisation des fillettes et des jeunes filles. Dans un contexte où la femme ne peut pas s’exprimer ouvertement en présence d’hommes et où l’école publique est mixte, nous avons choisi de créer des écoles primaires|Voir les ECA féminines (ECA de Mongo, Bitkine et Abéché) et d’ouvrir à Bitkine un collège|Voir le collège de Bitkine spécialement réservé aux filles. A Mongo, un internat|Voir les foyers et centres culturels permet à de jeunes villageoises de suivre les cours au lycée de la ville. Dans tous ces établissements, nous cherchons à offrir aux jeunes filles une éducation de qualité mais également un espace d’épanouissement et de développement de leur personnalité.
- La création d’ateliers de broderie
Dans le village de Baro comme dans la ville d’Abéché, les premiers missionnaires ont cherché à exploiter le coton afin de créer une activité rentable pour les femmes. À Baro, la culture du coton se limitait alors à la production d’étoffe pour envelopper les cadavres. Avec l’Atelier, un véritable laboratoire de tissage de coton et de broderie a été fondé. Les femmes ont créé leurs propres motifs en s’inspirant de formes géométriques mais également des fresques préhistoriques qui ont été trouvées dans le désert tchadien de l’Ennedi. Elles font ainsi revivre sur des nappes, des coussins, des serviettes, des sacs et des vêtements de coton épais les frêles silhouettes stylisées de gazelles et de guerriers croqués dans le Sahara il y a quelques milliers d’années. A Abéché, les femmes ont opté pour un coton fin et pour des fils de très bonne qualité. Leur broderie est fine, adroite et davantage orientée vers des motifs floraux ou de jolis oiseaux. Nous cherchons actuellement un partenaire stable pour la commercialisation de ces produits qui font vivre près de 200 femmes et leurs familles. Pour voir les collections, consultez notre album photo|Voir l’album photos.
- Le soutien aux initiatives de groupements féminins
Ces derniers temps, plusieurs groupements féminins de villes à 100% musulmans ont sollicité notre appui pour mener à bien leurs projets. À Oum Hadjer, nous avons appuyé un groupement pour créer une banque de céréales féminine et aidé une institutrice à construire une école pour les enfants de forgerons, classe sociale mise à l’écart et exclue des lieux publics. À Mangalmé, nous aidons un groupement à se constituer une caisse de fonctionnement en soutenant ses activités d’élevage et de petit commerce, la caisse devant servir à rémunérer l’animatrice qui alphabétise actuellement les femmes du groupement. Toutes ces activités sont supervisées par des volontaires issus des communautés chrétiennes de la dispersion|Voir la paroisse de la dispersion.