Dans l’est du diocèse vivent de manière extrêmement précaire – entre réfugiés soudanais et déplacés tchadiens – plus de 400.000 personnes déracinées qui dépendent entièrement de la solidarité internationale et nationale. C’est dire la gravité de la situation humanitaire et le défi qu’elle représente pour le diocèse.
Les réfugiés soudanais du Darfour sont actuellement 230.000. Pendant les neuf premiers mois de leur exil, en 2003, ils ont vécu de manière extrêmement précaire, plus ou moins accueillis par les populations tchadiennes autochtones Depuis quatre ans et demi, ils vivent dans douze camps situés dans une bande de 600 km le long de la frontière soudanaise, à 50 km environ à l’ouest de celle-ci. Ces camps sont situés dans une zone semi désertique, voire désertique, à l’exception des deux camps les plus au sud. Beaucoup de familles sont amputées des hommes (pères de famille et grands garçons), soit parce qu’ils ont été tués lors de l’attaque de leur village, soit parce qu’ils sont partis rejoindre les rebelles. Certains ont pu amener avec eux leurs ânes et un peu de bétail, mais le manque d’eau et de pâturages provoque une forte mortalité dans ces troupeaux. Le HCR – appuyé par le PAM, l’UNICEF, etc. – coordonne l’accueil, l’organisation et la vie dans les camps en s’aidant d’une multitude d’ONG.
Depuis trois ans, on peut dire que les besoins vitaux essentiels sont assurés : logement, nourriture, eau (bien que ce secteur soit toujours problématique dans cette zone très aride), santé et éducation. Pour la sécurité, la collaboration avec le gouvernement tchadien assure le minimum nécessaire. Mais les sorties lointaines hors des camps pour chercher du bois ou de l’herbe sont toujours risquées, surtout pour les femmes menacées de viol par les hommes en armes. D’autre part, il n’est pas rare que les rebelles soudanais alliés du gouvernement tchadien viennent faire du recrutement plus ou moins forcé dans les camps. Des programmes d’activités génératrices de revenus existent pour aider les réfugiés à améliorer leur nourriture, à ne pas rester oisifs, à gagner un peu d’argent et à se préparer ainsi au retour futur dans leurs villages d’origine (jardinage, petit élevage, artisanat, etc.).
Les déplacés tchadiens ne doivent pas être oubliés non plus. Au nombre de 185.335 (chiffre de mai 08), ils ont dû quitter leurs villages depuis mars 2006 à cause des attaques, massacres et destructions systématiques dont ils ont été la cible à compter de cette date. Durant la période de mars 2006 à mars 2007, on estime que les deux tiers de la population du Dar Sila (région frontalière du Soudan au sud de la ligne Abéché Adré) ont dû fuir leurs villages. Ne dépendant pas de l’ONU mais du gouvernement tchadien, leur situation matérielle et sécuritaire est bien plus précaire que celle de leurs homologues soudanais réfugiés, souvent d’ailleurs de mêmes ethnies. Ils sont regroupés dans des sites d’accueil (plus de dix) tous situés dans le Dar Sila.
Raisons politiques de cet exode :
Voir aussi le JRS et le SECADEV pour les services rendus par l’Église aux réfugiés et déplacés